09 December 2006

Les forêts de Tasmanie sous les bombes au napalm

La Grande Epoque
08-12-2006

Une exploitation forestière qui suscite de nombreuses interrogations... En effet, au large de l’Australie, en Tasmanie, sur un territoire de 68.332 km², occupé par 475.000 habitants, de magnifiques forêts subissent un déboisement ravageur.

Ce sont des arbres gigantesques qui disparaissent sous les tronçonneuses et les bulldozers, et subissent un nettoyage au « Kärcher » effectué par des bombes au napalm larguées d’hélicoptères, et c’est, quotidiennement, une superficie semblable à 44 terrains de football qui s’évapore en fumée.

Des lieux qui ressemblent aux champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Il ne reste que des étendues désertiques, avec des cratères, et des cadavres d’animaux empoisonnés, disséminés dans un paysage cauchemardesque.

DES EUCALYPTUS GÉANTS ÂGÉS DE 200 A 400 ANS

Située à environ 70 km à l’ouest de Hobart, la capitale de Tasmanie, la forêt primaire abrite des eucalyptus géants hauts de près de 90 m, âgés de 200 à 400 ans, avec des troncs qui atteignent jusqu’à cinq mètres de diamètre à leur base. Après ces passages dévastateurs, cycloniques dirions-nous, de jeunes plants sont repiqués, essentiellement de jeunes arbres exotiques, importés à cause de leur croissance rapide. Puis, afin de préserver ces jeunes arbres et leurs tendres pousses, des poisons violents sont disséminés sur les terres où la faune locale, friande de cette nourriture, est exterminée. Les animaux empoisonnés meurent dans d’horribles souffrances. Dramatiquement, ces lieux qui furent jadis paradisiaques disparaissent avec toutes les richesses d’une biodiversité animale et végétale originelle, dans l’indifférence la plus complète.


UN LABEL « PEFC » FRAUDULEUX

Le plus scandaleux, c’est de leur attribuer un label PEFC qui n’est théoriquement donné qu’aux produits issus de forêts gérées durablement dans le respect environnemental. Les associations telles que les Amis de la Terre, WWF, GoodPlanet.org, GREENPEACE dénoncent ces malversations et demandent aux gouvernements et négociants en bois d’être rigoureux et de refuser la certification des bois venant de Tasmanie. A l’origine, ce label a été créé par des forestiers européens, alors que l’exploitation forestière ne posait aucun problème majeur, et ce n’est qu’en 2003 qu’elle s’est étendue aux bois exotiques en provenance des forêts primaires.

Pour les citoyens du monde, le fait d’acheter du papier ou du bois « certifié » correspond à une bonne action et à un geste pour la préservation de la planète. Mais dans les faits, en achetant ces matières naturelles, ils contribuent à la destruction des forêts de Tasmanie. Les négociants forestiers blanchissent du bois issu d’une violence sylvicole et s’octroient un label en dehors des association locales de protection de l’environnement qui ont toujours dénoncé leurs pratiques sauvages, et ceci depuis plusieurs années.


20.000 HECTARES DE FORÊTS PRIMAIRES ABATTUES CHAQUE ANNÉE

A la suite de manifestations de tous bords, le Premier ministre, John Howard a promis, avant les élections, de protéger l’emploi des bûcherons, ainsi que les forêts primaires de Tasmanie, dont la Vallée des Géants et celle de Styx. Il a tenu parole pour les deux sites qui ont été officiellement classés au patrimoine national. C’est alors que le chant des oiseaux a succédé au vacarme des tronçonneuses.

Cependant, le gouvernement local a fait une restriction sur ses promesses, annonçant qu’il n’y aurait que 68 % des forêts primaires protégées. On constate que « 20.000 hectares de forêts primaires sont abattues chaque année », et le reboisement n’est plus assuré puisque « 80.000 hectares de forêt ont été transformés en plantations durant ces sept dernières années. »

Le groupe Gunns, principal exploitant forestier, justifie les méthodes du type lance-flammes en disant qu’elles auraient pour effet de provoquer une germination végétale spontanée dans les zones où la terre a été littéralement brûlée. En Tasmanie, le napalm est répandu et sous le contrôle de la commission forestière, qui réitère que sous les terres brûlées germe déjà la prochaine couverture végétale. Le groupe Gunns précise que « toute forêt récoltée est régénérée », ce qui semble faux, selon les rumeurs des associations.

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